Le Rêve français

Publié le par francoishollande14

"Notre pays est confronté à la crise la plus profonde depuis la seconde guerre mondiale. Notre économie est à bout de souffle, notre modèle social se disloque, notre système éducatif est en souffrance. Il en ressort une inquiétude, un doute, un soupçon sur la capacité de notre pays à garantir ce qui de tout temps a fait notre force, cette promesse républicaine qui veut que la génération qui vient, vivra mieux que la précédente, cette certitude que les jeunes qui arrivent prendront toute leur place dans la société. Ce plébiscite pour l’avenir, je l’appelle, le rêve français. Le projet que je vous propose a cette vocation, réenchanter ce rêve français et faire, avec vous, de ce rêve, la réalité de demain."

François Hollande

 

 

Priorité jeunesse

La jeunesse est notre avenir, elle est notre vitalité, elle est ma priorité. Le redressement de notre pays n’aura de sens que si la jeunesse retrouve confiance en son destin et une place dans le présent.

La situation de notre jeunesse est aujourd’hui indigne de notre grand pays. 150 000 jeunes sortent chaque année du système scolaire sans le moindre diplôme, le taux de chômage des moins de 25 ans atteint 20% et la majorité des jeunes salariés le sont en CDD ou en intérim Les effets sont indignes de notre grand pays, tant sur l’accès au logement, qu’en terme de pouvoir d’achat puisqu’un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté.

Cette injustice sera réparée si les efforts consentis durant le quinquennat qui vient sont au service de la jeunesse et en priorité de l’éducation. C’est dès la petite enfance que les inégalités se creusent,  c’est la raison pour laquelle nous ouvrirons 500 000 places d’accueil sous toutes ces formes aux enfants de moins de trois ans et que nous créerons à cet effet une école du premier âge.

Je réaliserai un plan pluriannuel sur cinq ans permettant l’embauche de 60 000 professeurs, éducateurs et professionnels de l’enseignement. Il sera le préalable décisif à la conclusion d’un nouveau contrat avec les enseignants, incluant la définition d’un socle commun de connaissances, une réforme des rythmes scolaires, une refonte des conditions de travail et un rétablissement de la formation des professeurs.

L’insertion professionnelle des jeunes devra être favorisée. Elle conditionne la réussite de la génération qui vient. Deux mesures seront préconisées : les emplois d’avenir dans le secteur public et associatif qui seront proposés dans les quartiers populaires où le chômage des jeunes peut atteindre 40% et le contrat de génération qui permettra l’insertion des jeunes dans l’entreprise. Il permettra à chaque employeur qui accepte de conserver un senior le temps qu’il accède à ses droits à la retraite à taux plein et qui en même temps embauchera un jeune d’être exempté de cotisations sociales sur ces deux emplois. Le contrat de génération qui sera financé par un redéploiement des exonérations de cotisations sociales accordées sans aucune contreparties, fondera l’alliance des âges au service de l’emploi, l’union des générations derrière cette cause magnifique de la réussite collective.

 

De la justice pour résorber la dette et redresser le pays

La dette publique est une menace pour notre avenir et notre souveraineté. Elle est le fléau que nous lègue le Président sortant. Elle est la conséquence d’une gestion inconséquente, inefficace et, qui plus est, injuste des comptes publics.

Au terme de ce quinquennat, la dette publique sera alourdie de 700 milliards d’euro et la sécurité sociale aura accumulé 135 milliards de déficits. La dette est d’autant plus menaçante que le remboursement de la charge de ses intérêts est devenu le premier budget du pays devant l’éducation nationale.

La stratégie de redressement que j’engagerai avec l’objectif d’un retour à l’équilibre en 2017 ne se fera pas au détriment de la croissance, sinon nous ne parviendrons pas à relever ce défi. Elle exigera un effort, il ne sera consenti que s’il s’établit dans la justice à la différence de ce qui a pu exister sous le mandat précédent et qui a entrainé une augmentation de 40 milliards d’euro des prélèvements obligatoires sans distinction des facultés contributives de chacun.

 Si au contraire l’inéquité préside, si les puissants échappent par mille biais aux contributions communes, alors les Français auront raison de refuser de participer au redressement. C’est la raison pour laquelle je propose une réforme fiscale avec un impôt sur le revenu unifié et progressif qui porte le sacrifice sur ceux qui sont le plus capables de le supporter : les revenus les plus élevés. Je créerai une nouvelle assiette pour les cotisations sociales qui favorise la production et l’emploi et qui dissuade la pollution et la consommation d’énergie.

 Un allègement d’impôt sur les sociétés sera consenti aux entreprises qui investissent, tandis qu’un relèvement du taux pénalisera celles qui distribueront leurs profits. Une révision de la fiscalité des territoires sera également introduite et une évaluation stricte de ces niches fiscales, innombrables et baroques, sera effectuée afin que n’existe plus de refuges pour des privilèges injustifiés.

 

Produire mieux pour l’échange juste

Face à la croissance anémiée, à l’industrie diminuée et à la base productive réduite, nous devons engager un nouveau pacte productif avec le pays. Redresser l’industrie française est une nécessité pour relancer l’emploi, accroître le pouvoir d’achat et permettre la transition écologique de notre économie. Je n’oublie pas que la France place sa fierté dans son appareil productif. Or cet état de déliquescence exige une stratégie offensive. Alors que le déficit de notre commerce extérieur atteint 75 milliards d’euro, lorsque l’Allemagne dégage un excédent de 150 milliards, l’urgence d’un nouveau pacte productif est aujourd’hui réelle.

Il reposera sur l’investissement, la connaissance, la recherche et la formation avec une ambition, produire mieux, élever une croissance juste, harmonieuse, respectueuse aussi bien du travail que de la nature. Ce pacte productif que je présente, fait le pari de la technologie, de l’innovation, de l’élévation des qualifications et non de l’abaissement des droits et de la compression des salariés. Il s’appuiera sur un Etat efficace, stratège, qui soutiendra les pôles de compétitivité et organisera la transition énergétique.

Outre la fiscalité qui sera réorientée en faveur de l’investissement et la banque publique d’investissement qui sera mise au service de ce nouveau pacte productif, j’effectuerai un effort, j’apporterai mon soutien au développement des PME. Elles sont le lieu de l’innovation et représentent un gisement extraordinaire d’exportation. C’est la raison pour laquelle je mettrai à leur service un nouvel instrument d’épargne,  le livret de croissance, qui leur apportera les moyens de leur développement.

Si la France a tout à gagner de l’échange international, celui-ci ne vaut que s’il est équilibré. Le juste échange en faveur duquel j’agirai sans relâche, impliquera que les monnaies reflètent scrupuleusement les fondamentaux des économies et que les normes sociales comme environnementales soient respectées aussi bien dans les démocraties occidentales que dans les pays émergents. Cela implique une réforme de la gouvernance internationale: tandis que le G20 règlera la question des déséquilibres commerciaux, le FMI devra avoir la responsabilité de la réforme du système monétaire international, le tout sous l'autorité d'une instance politique internationale qui prendra la responsabilité de la résolution de ces questions monétaires, commerciales et financières.

 

La relance de l’Europe

La crise a été le révélateur d’un certain délitement de l’Union Européenne. Faible politiquement, en stagnation économique et victime de la lourdeur de ses propres procédures, l’avenir européen s’est profondément brouillé. Et si l’élargissement était un devoir vis à vis de l’histoire, il a transformé le projet d’Europe puissance en Union de marché.

Relancer la construction européenne est aujourd’hui une nécessité d’autant plus grande que la crise financière menace de détruire tout ce qui fut construit au lendemain de la seconde guerre mondiale. Je préconise une méthode nouvelle avec la distinction de deux cercles concentriques : les pays fondateurs autour de la France et de l’Allemagne qui définiront une politique commune et les objectifs à mettre en œuvre, et un second cercle incluant l’ensemble des adhérents qui participeront selon leur choix aux politiques communes.

Des nouveaux instruments seront préconisés au service de cette Europe plus ambitieuse. Au sein de la zone euro, il s'agira de défendre l'instauration des euro-obligations qui permettra à l'union monétaire de faire face aux tentatives de déstabilisation qu'elle subit à travers la spéculation sur les dettes souveraines des Etats en difficulté. Elle exigera l'introduction pour la zone euro d'une gouvernance budgétaire, une gouvernance qui ne saurait se réduire à l'addition des plans de rigueur, mais qui serait au contraire une politique d'accompagnement  de la croissance qui aujourd'hui ne peut se faire qu'à l'échelle de l'Union européenne. Une gouvernance qui mériterait également une unité de commandement, à travers un Président du Conseil européen qui absorberait le Président du Conseil des Affaires économiques et financières et le Président de la Commission européenne.

Je crois aussi que le rôle de la BCE comme prêteur en dernier ressort est une nécessité dans les situations de crise, et je défendrai cette évolution auprès de nos partenaires européens.

Cette relance de la construction européenne se fera en étroite collaboration avec l’Allemagne. Alors que nous approchons du cinquantenaire du Traité de l’Elysée de 1963, nous devrons donner un nouveau souffle au couple franco-allemand, ce cœur de l’Union européenne qui devra battre pleinement au service de son développement.

 

La politique au service de la justice et de la paix

La France doit redevenir un exemple pour les nations, un espoir pour les citoyens. Elle doit assurer une présence là où elle est attendue et diffuser ces valeurs pour lesquelles elle demeure une référence : la liberté et la démocratie.

 Notre pays devra apporter son appui aux démocrates de Tunisie, de Libye et d’Egypte qui doivent faire face à la montée des extrémismes qui menacent de briser l’élan formidable insufflé par les révolutions arabes. Il devra porter également, c’est son honneur comme son intérêt, une nouvelle politique à l’égard de l’Afrique, ce continent qui est en passe de jouer un rôle décisif. Ce que l’on a appelé pendant tant d’années la Françafrique devra enfin être démantelé pour laisser place à une nouvelle politique, celle du codéveloppement. Elle permettra de résoudre les problèmes liés aux flux migratoires ainsi que ceux concernant le rééquilibrage de notre commerce extérieur.

 La paix et la stabilité devront être promues partout dans le monde. Si la guerre en Afghanistan s’est imposée tant par volonté de punir un pouvoir obscurantiste et complice du terrorisme que par solidarité avec le peuple américain, reconnaissons que l’intervention française, effectuée avec dévouement et courage par nos soldats français, a dépassé largement le cadre initial qu’elle s’était fixée. Il est temps de mettre fin à cette présence en Afghanistan et je m’engage à retirer l’ensemble de nos troupes de ce territoire d’ici la fin de l’année de 2012.

 

Une république renouvelée

La République irréprochable, qui nous avait été promise s’est avérée être une République irresponsable symbolisée par la confiscation du pouvoir, la relégation du parlement, l’irrespect des partenaires sociaux, la mise en cause de l’indépendance de la justice, la connivence avec le monde des médias et l’ignorance des territoires et de leurs représentants.

La République exemplaire que je défendrai exigera une responsabilité accrue du chef de l’Etat. J’engagerai la réforme du statut pénal du Président de la République, avec l’indépendance de la magistrature, le tout en mettant fin aux nominations discrétionnaires des membres des autorités indépendantes et de la direction de l’audiovisuel public.

La République moderne résultera de la fin du cumul des mandats et de l’introduction de modes de scrutins garantissant le pluralisme, la parité et permettant l’exercice du droit de vote pour les résidents étrangers aux élections locales.

La République contractuelle devra en définitive être adoptée car un pouvoir même légitime ne peut s’arroger l’intégralité de l’action publique. Le contrat, qui permet l’égalité et la liberté, sera le levier d’une nouvelle gestion du pouvoir tant à l’égard des collectivités territoriales et d’Outre Mer – nonobstant un nouvel acte de décentralisation qu’il faudra engager – qu’avec les partenaires sociaux – lesquels verront leur rôle reconnu dans la Constitution.

 La démocratie participative sera le dernier élément de cette République renouvelée avec des grands débats qu’il faudra ouvrir sur des questions existentielles, telles que l’avenir énergétique de notre pays.

 

Un nouveau panorama pour la finance

La réforme du capitalisme international pourtant claironnée n’a pas été engagée. La spéculation financière s’en est trouvée confortée, encouragée, enorgueillie et s’est déployée avec une intensité plus violente encore avec cette obsession du profit, quels que puissent être ses effets sur les peuples. Au plus fort de la crise, il y avait un rapport de force favorable qui aurait permis d'installer des contrôles, des interdictions, des régulations. L'histoire sera sévère à l'égard des dirigeants qui n'ont pas saisi ce moment exceptionnel pour imposer des transformations.

Je mettrai un terme à l’irrationalité des marchés. L’enjeu c’est la reprise du contrôle politique de la finance internationale, avec une ambition : élaborer le nouveau panorama de la finance en France et en Europe sur un horizon de cinq ans.

La puissance publique fera de la régulation, le préalable incontournable à son intervention au chevet des banques car il n’est pas envisageable que l’argent public soit une garantie de plus à l’hystérie des marchés. Dès lors qu’il sera demandé la participation de l’Etat dans la recapitalisation des banques, il sera exigé une participation au Conseil d’Administration des banques avec droit de veto à quatre niveaux :

  • - le contrôle des décisions prises
  • - les rémunérations
  • - le rôle et l’activité des « traders »
  • - des décisions relatives à certains placements financiers jugés intolérables

Transformer la finance internationale exige autant d’interdire des pratiques de marché sans rapport direct avec l’économie réelle comme c’est le cas des ventes à découvert ou bien des produits dérivés lorsqu’ils n’ont comme finalité que la spéculation, que de mettre un terme à la rente dont bénéficient actuellement les activités financières, c’est la raison pour laquelle j’instituerai une taxe sur les transactions financières.

Cette ambition exigera également une stricte séparation entre les activités des banques qui distribuent du crédit et celles de placement, aux investissements spéculatifs. Il sera en outre interdit aux banques françaises de financer des fonds d’investissement dès lors qu’ils agissent sur un marché non organisé. Les dépôts des épargnants français ne seront plus gagés sur les marchés spéculatifs.

Dernière condition à la transparence en matière financière, c’est qu’aucune banque ne doit pouvoir entretenir quelque relation que ce soit avec d’autres établissements installés dans des paradis fiscaux.

Depuis l’éclatement de la crise financière, de nombreuses promesses fallacieuses ont été formulées sans qu'aucune traduction significative n’ait été constatée. Les dirigeants français et européens se sont contentés de donner le change, une fois Président de la République, je changerai la donne.

Publié dans Campagne nationale

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